MOI ET LE BASKET CENTRAFRICAIN

MOI ET LE BASKET CENTRAFRICAIN

Par Lucien Yéguété

Je me présente : Yéguété Lucien né le 1/12/1956,  résident depuis 2002 en France, précisément à Meaux.  Ancien basketteur Centrafricain, j’évolue toujours dans le milieu du basket, et suis depuis 2002 membre dirigeant du Club de Basket CS MEAUX, au poste de Vice-Président. Je continue aussi d’aider le basket en Centrafrique, à travers les actions de mon association, par de don en  équipements sportifs.  Volontairement, j’ai ciblé la catégorie de l’enfance en difficultés appelée ‘’enfants de la rue’’. Je travaille depuis 10 ans avec  l’ONG ‘’VOIX DU CŒUR’’ DE Mme EPAYE. Le 29 Août 2017, mon association AWATOLE SOLIDARITE INTERNATIONALE a fait un don de maillots et shorts à ces enfants.

1976 : Préparatif des Jeux d’Afrique Centrale de Libreville.

Je peux intituler cette année, comme celle où j’ai non seulement détesté le basket-ball, à tel point de tout  arrêter, et m’orienter vers la pratique d’une autre discipline sportive, devenir gardien de but au foot-ball.

La raison est que j’étais tellement déçu et choqué de n’avoir pu être retenu dans la sélection nationale de Basket-ball, les ‘’Fauves de Bas-Oubangui’’.

En effet, j’ai commencé à jouer au Basket-ball à l’âge de 14 ans dans le Club MAZANGA avec Billy alias ‘’AMOUZOU’’, Julio alias ‘’Lou courrier’’ et bien d’autres... ma volonté de progresser était si forte que très rapidement j’étais devenu indispensable dans mon équipe  au poste de 5(arrière). On a même créé les mots « Diritivité » (bagarre) et Gangoutivité (combativité).

Eu égard à mes qualités j’ai donc été appelé en présélection nationale en 1976, à l’âge de 19 ans. C’était les préparatifs à la Coupe des jeux d’Afrique Centrale de Libreville (Gabon). C’était l’époque glorieuse du basket Centrafricain, avec des infrastructures sportives haut de gamme,  le Palais de Sport « Omnisport » avec toute sa splendeur,  le mythique Centre National de Basket-ball où nous venions deux années avant, d’y remporter le 7eme Championnat africain.

Je me rappelle du match amical que notre présélection a joué contre le TOGO, où j’ai eu l’arcade sourcilière ouverte durant la partie de mon temps de jeu. J’ai été immédiatement conduit aux « Urgences de l’Hôpital Général ». Malheureusement pour moi, ce jour le service ne disposait pas de produit pour faire l’anesthésie, afin de faire les points de suture en douceur. Le médecin a demandé de patienter, mais étant donné que je voulais absolument retourner finir le match avec mes coéquipiers, j’ai exigé et obtenu qu’on me fasse la suture sans anesthésie.

Malheureusement de retour au stade,  où à nouveau j’ai repris ma place sur le banc,  le coach ne va plus m’autoriser à revenir en jeu.

Après ce match amical international, une liste de 13 joueurs a été dressée. J’étais avec WALLOT Max du Club Harlem, les deux nouveaux promus, pour accompagner, les dinosaures comme Sangha Barnabé, Jean Jacques Séréfio, Martin Ngoko, Victor Titi Kodjo, François Naoueyama, Fidèle Konamna, Jean Pierre Kotta, Dominique Ganabrondji, Malimaka, Moussa Vékéto.

Mais durant ces préparatifs, le grand James Gambor n’était pas présent, retenu je pense en service militaire. Donc il était probable qu’il ne ferait parti de l’effectif.  Curieusement à deux jours d’arrêter la liste définitive, l’encadrement technique nous a annoncé, le possible retour du grand James  dans l’effectif. J’ai alors compris, que face au grand James, ma chance d’être retenue s’amenuisait car étant un novice…  Entre- temps, les dirigeants nous ont fait miroiter à nous deux,  Max et moi que nous allons être sélectionnés. L’annonce de faire partie de la délégation m’a enthousiasmé. Cette joie ne sera que de courte durée.

Le choc à venir, va me faire dégouter du basket et surtout du staff technique.  Notre dernier entrainement a eu lieu au Palais de sport le soir. Après nous avons pris le bus (Super Galion de couleur bleue) pour rentrer au dortoir de l’ENS où nous étions logés. En principe, on rentre d’abord manger, puis ensuite regagner nos chambres respectives. Nous étions tous dans le mini bus et celui-ci a quitté le boulevard pour l’entrée de l’ENS…

C’est à ce moment, que Georges GOUNDOUWA (paix à son âme) qui était assis à l’avant s’est levé, pour se diriger vers le fond du véhicule où Max et moi avions pris place, « Il a seulement lâché : Lucien et Max, vous n’êtes pas retenus ».

Sans commentaires, il est reparti s’asseoir. C’était vraiment violent, sans aucune préparation psychologique. J’étais tellement choqué que je suis resté tétanisé. Dès que nous sommes arrivé à l’internat, je suis parti récupérer mon sac et suis rentré à la maison. J’ai quitté l’ENS aux environs de 22 heures pour rentrer à pied au KM5.

La situation que j’ai vécu m’a tellement bouleversé au point de me  poser des questions et tirer des conclusions concernant le milieu du basket : peut-être qu’il a changé maintenant? Comment tous ces grands frères n’ont même pas cherché à plaider, afin que nous les deux nouveaux partions avec eux? Quand on nous avait écartés personne n’a pris la peine de s’approcher de nous? Pour nous soutenir, ne fusse que moralement? Et surtout, pourquoi ne pas nous laissés dîner, après  nous annoncer notre éviction de la sélection? N’ayant pas de réponse à mes questionnements, j’ai donc décidé de ne plus répondre aux convocations de la présélection, et durant une période éprouvé un dégoût non seulement du basket-ball, mais tous ces personnages qui en constituaient le staff.

Heureusement un an après, en 1977 après avoir réussi mon baccalauréat, j’étais parti au Maroc faire des études en Tourisme. J’ai pu à nouveau retrouver le goût de jouer, durant deux ans (1977/1979), j’ai joué dans une équipe de basket-ball de la Banque du Nord à Tanger. Nous étions champions du Maroc et, j’ai fait la une des journaux locaux et nationaux.

 

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