Je dirais que le basket s’est imposé à moi…
En 1969 j’ai emménagé avec mes parents au domicile familial nouvellement construit sis au quartier Assana (Sica 1) à 100 mètres du stade Barthélémy Boganda. J’ai alors fait comme les jeunes de mon âge en allant apprendre à jouer au basket sur le terrain du Stade Barthélémy Boganda (Stade B.B).
Je ne me rappelle plus exactement mes débuts d’entrainement, est-ce en 1969 où j’avais 11 ans ? Ça devrait être à 11 ou 12 ans… J’ai donc appris seul à jouer en suivant mes camarades du quartier, raison pour laquelle mon basket est beaucoup plus instinctif que structuré par les fondamentaux. J’ai toujours été fan du Club Hit Trésor. Je me suis retrouvé joueur du Club ASOPT par hasard car n’ayant pu satisfaire au test d’intégration de mon club de cœur.
Dès mon admission au lycée j’ai pratiqué le lancer de poids comme discipline en athlétisme, ensuite j’ai eu à flirter avec le hand Ball, puis le volley Ball, mais pas en compétition, car il faudrait avouer que je n’étais pas bon dans toutes ces disciplines. En revanche, j’ai mieux évolué au football comme gardien de but, où ma prestation a été remarquée, dès mon arrivée en Côte d’Ivoire dans les compétitions universitaires.
A cet effet j’ai même passé un test concluant pour intégrer l’équipe de Grand-Bassam (1ère division Football de Côte d’Ivoire). Mais, n’ayant pas le temps nécessaire pour m’adonner et au football et au basketball et me consacrer convenablement à mes études, j’ai dû opérer un choix. J’ai alors continué avec le basket. Pour me bâtir une meilleure musculature d’athlète j’ai pratiqué la natation en profitant de la piscine olympique de mon école. Ma stature était imposante, avec une taille de 1,90 m et un poids qui oscillait entre 87 et 90 kg de muscle.
Un grand Maître de judo ivoirien m’a fait intégrer son club de 1987 à 1992. Ce fut ma passion, car j’avais abandonné le basket pour cette discipline. C’est l’apparition de mon mal de dos qui m’a contraint à arrêter toute pratique sportive jusqu’à maintenant. Aujourd’hui, je descends difficilement en dessous de 106 kg et la marche est devenue mon sport de maintien.
Revenons au basketball avec ASOPT, où j’ai joué une saison en catégorie cadette en 1975, puis directement surclassé en senior, pour remporter le titre de champion national en 1979. En 1980 j’ai démarré la campagne africaine des clubs champions avec ASOPT mais au mois de septembre, je regagnais la Côte d’Ivoire pour mes études. Au total j’ai gagné en plus une ou deux coupes nationales avec ASOPT. De mon passage en équipe nationale, il n’y a pas de palmarès éloquent à évoquer car la sélection n’a pas connu de succès éclatant en cette période. D’ailleurs, avant mon départ pour la Côte d’Ivoire, j’avais déjà opté de ne plus jouer sous les couleurs nationales de Centrafrique. C’est même, sur injonction de mon père, suite à la sollicitation des dirigeants d’ASOPT que j’ai livré mon dernier match avec mes coéquipiers contre OGUN State (l’équipe d’Akeem Olajuwon, devenu plus tard une star de la NBA aux USA). Au match retour, alors que j’étais déjà en Côte d’Ivoire, ASOPT m’a envoyé un billet d’avion ainsi qu’à Naouéyama pour les rejoindre au Nigéria. J’ai décliné l’offre en renvoyant mon titre de transport aux dirigeants du Club. A partir de là je n’ai plus jamais été sollicité ni par le club ASOPT ni par l’équipe nationale.
J’ai réussi à l’examen du baccalauréat C en 1978 au Lycée Barthélémy Boganda et ai regagné la Côte d’Ivoire en septembre 1980.
J’ai passé la première saison sportive de basketball en Côte d’Ivoire à l’Africa Sports sur les conseils et sollicitation de mon ancien coéquipier d’ASOPT François Naouéyama qui avait déjà intégré ce club avant mon arrivée à Abidjan. L’année suivante, je n’ai pu résister aux propositions avantageuses de l’équipe AUC (Abidjan Université Club) qui me concédaient de très bonnes conditions matérielles, favorables à mes études. J’ai évolué comme joueur de 1981 à 1985 à l’AUC. Avec ce club nous avions remporté la médaille d’OR aux Jeux universitaires Ouest Africains (WAUG). J’ai fini à l’AUC, au poste d’entraineur de l’équipe féminine pendant la saison sportive 1985-1986. Par la suite pour des raisons professionnelles, je me suis éloigné du Basket. Toutefois, je garde en mémoire qu’avec AUC, lors de mon passage, nous avions joué les premiers rôles sans gagner de titre de Champion national, ni remporter des trophées en finale de Coupe de la Côte d’Ivoire. J’ai donc vécu douze années en Côte d’Ivoire 1980-1992 avec une parenthèse de vie professionnelle d’enseignant de Sciences-Physiques au Lycée II de Daloa de 1986 à 1992. Ensuite, j’ai regagné le Gabon pour reprendre les études et obtenir le diplôme d’ingénieur informaticien. Après seize années en plus au Gabon soit au total vingt-huit années à l’étranger je ne me sentais plus heureux de continuer à vivre en dehors de la Centrafrique. J’ai décidé de rentrer à Bangui en juillet 2008.
Une fois au pays, j’ai travaillé à Télécel de 2009 à 2017 soit neuf ans, avant d’anticiper mon départ à la retraite pour des convenances personnelles. Je suis actuellement le PDG du Groupe DACHY qui œuvre dans l’ingénierie informatique.
A l’Etat civil je suis père de cinq enfants dont trois filles et deux garçons. Le seul à vivre en Centrafrique est mon deuxième enfant, l’aîné des garçons, qui s’appelle Hervé et connu dans le milieu du basketball sous le pseudonyme de Yao Ming le chinois de la NBA. Le second garçon s’appelle Yann. Il a opté pour le Volley Ball. D’après les nouvelles qui me parviennent, il serait un très bon volleyeur du championnat gabonais. Il porte même les couleurs de la sélection nationale gabonaise. Quant aux filles, elles n’ont jamais évolués à un haut niveau en sport de compétition.
De la mémorable «soirée des basketteurs » organisée au Bar « Mbi Yé Le Coquet » à la fin du championnat de 1977-1978, j’ai une anecdote à partager avec toi et tes lecteurs. Lors de la remise des trophées de la saison, Guy Darlan alors Président de la Fédération en était le commentateur et, faisait un petit commentaire sur les prétendants au titre avant de désigner le lauréat. Il a commencé par le trophée du meilleur joueur de la saison. Alors qu’il commentait encore les rivalités entre les prétendants au titre, à l’évocation de mon nom, je me suis levé pour aller recevoir le trophée. Mais à ma grande surprise, c’est le joueur Kotta Jean Pierre qui fût désigné à la fin des commentaires comme meilleur joueur de la saison et, j’ai dû revenir m’asseoir tout confus. Ensuite, j’ai récidivé le même empressement à la remise du trophée remporté par Wallot Max. Fort heureusement pour moi, le jury m’avait attribué le trophée du meilleur Espoir. Cette fois, j’ai dû patienter jusqu’à la fin des commentaires du Président Darlan. Ayant été désigné pour ce trophée je me suis consolé en me levant pour aller le recevoir. Mes compagnons s’étaient bien moqués de moi pendant très longtemps.
Au final, le basket m’a beaucoup apporté, sur le plan humain, financier, matériel. Le basket centrafricain a forgé mon caractère d’Homme au sortir de l’adolescence. Je suis vraiment reconnaissant envers tous les ainés, que je ne pourrai tous citer ici… joueurs comme encadreurs de toute la grande famille du Basket sans distinction de club. J’ai un caractère très impulsif, c’est ce qui m’a poussé sur quelques malentendus à jurer de ne plus jouer pour la Centrafrique au moment où je quittais le pays pour les études. Je ne le regrette pas. Sur le plan matériel le basket ivoirien a été pour beaucoup dans la réussite de mes études et ne serait d’aucune comparaison avec l’apport du basket centrafricain. En revanche, je compte de solides relations humaines, autant en Côte d’Ivoire qu’en Centrafrique. Aujourd’hui tous mes passages en Côte d’Ivoire sont ponctués par de grands moments de retrouvailles. En Centrafrique je vis quotidiennement dans cette famille. Pour des raisons professionnelles, je ne participe pas à la vie associative du basket, mais reste disponible lors de grands évènements. Pour répondre à ta question je dirai que le basket ne me manque pas puisque je le vis tous les jours.
J’ai fait inscrire deux petits-fils à l’école de Basket dirigé par Johnny Madozein. Leur évolution constitue ma passion actuelle. Je tais leurs noms et je suis sûr qu’ils porteront plus haut encore le flambeau porté jadis par leur grand-père.
Je n’ai pas enseigné au Gabon. J’ai arrêté d’enseigner en Côte d’Ivoire pour terminer mes études d’ingénieur informaticien au Gabon à l’Institut Africain d’Informatique (IAI).
-(B eB). Avez-vous participé aux compétitions interscolaires au Lycée B. Boganda? Si oui, quels sont les noms de tes coéquipiers ?
-(R.G). J’ai participé aux compétitions sportives au Lycée B. Boganda avec Wambo Maurice dit Djento et Zianthé Timothée. Mais, je ne me rappelle plus des autres noms.
-(B eB). Si j’ai bien compris, vous avez réussi votre examen de baccalauréat en 1978, qu’aviez-vous alors fait durant deux années pour ne regagner Abidjan qu’en 1980 pour les études?
-(R.G). Après le Bac je me suis inscrit à la faculté des Sciences en Math – Physique (MP) à l’Université de Bangui. Ma tête n’était pas aux études à cette époque. Je ne me pointais souvent à l’université que pour toucher la bourse. Le film ‘Saturday Night Fever’ de John Travolta, sorti en 1978, m’a beaucoup influencé, ainsi que mes proches copains de basket. Comme l’acteur principal de ce film, on pensait plus à la fringue, aux sorties nocturnes au KM 5 pour danser au Punch Coco, à Apollo et à ABC. J’ai vraiment passé ces deux années à m’amuser. Pendant les vacances 79 j’ai eu la bourse nationale pour continuer mes études en France. Mais j’ai trouvé des prétextes pour refuser de quitter Bangui. J’ai annoncé mon refus de quitter Bangui le jour même prévu pour le départ au moment où toute la famille est venue m’accompagner à l’aéroport. Ce fut un coup très dur pour mes parents. J’ai trouvé de fausses excuses pour ne pas quitter l’ambiance des orchestres, Makémbé, Musiki et du Tropical Fiesta du moment. Il m’a fallu attendre l’année suivante pour me présenter et réussir le concours d’entrée à l’Ecole Supérieure Inter-Africaine d’Electricité (ESIE) de Bingerville, qui forme des Ingénieurs électriciens africains en Côte d’Ivoire. C’est dans cette même école que le basketteur Konamna a été formé.
-(B eB). Si mes souvenirs sont exacts, vous aviez effectué le déplacement en ex Union Soviétique, avec Johnny Madozein, Bokonam et autres coéquipiers dans le cadre de la coopération, au tournoi d’Eté de la jeunesse à la fin des années soixante-dix… pourriez-vous m’en dire un peu plus ?
-(R.G). Je pense que ce déplacement en URSS dans la République de Tadjikistan a eu lieu en 1979. C’était dans le cadre de la coopération entre nos deux pays. L’équipe était composée de jeunes espoirs, Wallot Max, Pounzi Salomon, Rekian, Bokonam, Kotta Jean Pierre, Oumarou Sanda, Johnny Madozein, Bezzot Amtchéko, Goumba Antime, Débat Mamadou entre autres… J’en profite pour te raconter une anecdote lors de ce séjour ; la République du Tadjikistan est située dans les montagnes de l’Himalaya le toit du monde, où l’on observe un panorama de paysage montagneux. Un pique-nique, a été organisé pour nous dans un village, où nous avions aperçu la neige éternelle sur certains sommets. Par curiosité certains joueurs ont essayé de gravir les sommets pour toucher avec leurs doigts la neige éternelle et, le regretté Amtchéko en faisait partie. Comme tout le monde il a arpenté la montagne en imitant les bambins Tadjiks qui grimpaient la montagne et redescendaient en courant. Parmi ceux qui se sont lancés, Amtchéko a été l’un des rares à atteindre le sommet, puis toucher avec ses doigts la neige. Une fois la neige touchée, Amtchéko s’est retourné pour chercher à redescendre, c’est là que tout se complique. Prit de vertige, il ne pouvait plus faire un seul geste, a jugé bon de s’allonger et a fermé les yeux. Heureusement qu’un guide des randonnées en montagne est venue le soutenir à la ceinture, une empoignade au niveau de la taille. Pendant toute la descente il avait les yeux fermés. Imagine-toi toutes les moqueries dont il a été la victime, car nous l’avions couvert de quolibet, affublés de sobriquets. Autre récit en cette même année 79, où l’URSS était en pleine préparation des jeux olympiques de Moscou 1980. Pendant nos ballades nous avions rencontré des joueurs de Ping Pong dans un quartier. Débat Mamadou qui est un très bon pongiste, à affronter quelques jeunes joueurs qu’il a copieusement battu. Les joueurs battus pour laver l’affront, de s’être fait corriger par un nègre, ont appelé à la rescousse leur grand champion qui préparait aussi les jeux de Moscou. Il est venu nous faire une démonstration de Ping Pong en remportant tous les sets, ne laissant aucune chance à Débat pour marquer un seul point.
Pour finir, je reviens ici sur une anecdote qui concerne mon passage en Côte d’Ivoire. Avant le départ de Débat en France, l’AUC était venu le contacter pour me rejoindre au club. Lors des préparatifs d’avant saison nous avions pris part à un camp d’été à Chicago (USA). Lors des entrainements dans ce camp d’été, on nous opposait à des jeunes de 17 ans très bons techniquement, mais nous étions de vieux joueurs de plus de 20 ans et notre force physique faisait toujours la différence. Se rendant compte de leur erreur, nos hôtes ont organisé un match avec une équipe locale du nom de Windy’s. Après de nos deux oppositions, chaque équipe a remporté un match. Pour nous marquer de la suprématie américaine sur le basket mondial, les organisateurs ont formé une équipe composée de joueurs valeureux de la zone de l’université de l’Illinois où nous étions logés. Certains de ces joueurs avaient, même pris part au draft de la NBA et, un des leurs était même drafté pour la saison suivante. Je ne me rappelle plus son nom, ni du club qui l’avait drafté. Nous avions vu du feu, un véritable déluge de feu, lors de notre confrontation avec cette équipe hybride. Au début du match le meneur américain a commencé à jongler avec la balle. J’étais dans le 5 majeur. Voyant ce qu’il faisait j’ai carrément oublié que j’étais sur le terrain. Je me suis mis à l’admirer avec la bouche ouverte. Je n’étais pas seul dans le cas, au sein de mon équipe, où Il nous a momentanément endormis avec son spectacle. Nous sommes restés pratiquement tous à le contempler dans son maniement du ballon face à son vis à vis. Subitement de son camp il a balancé la balle au-dessus de nos tête pour l’un de ses ailiers, qui a récupéré la balle en l’air et atterrir avec toutes ses forces avec un méchant dunk dans notre anneau. C’était la première fois que je voyais un High hook. Ce méchant High Hook (je suppose que c’est ça le terme) nous a réveillé pour nous remettre dans le match. C’était des gens de notre âge et je te dis que nous avions été riiddiiiiccculllisssééé lors de la rencontre.
-(B eB). Merci Roger pour ta contribution à l’Histoire du basket centrafricain.
-(R.G). Aubin, je suis de la grande famille du basket, du sport centrafricain et, surtout n’hésite pas à revenir vers moi à l’envie.
–Respect «Doyen».
merci pour cet article