Par Editorial Bamara e-Book
En 1969, 3 ans après sa prise de pouvoir par un coup d’Etat militaire, Général Bokassa avec l’assistance du Général français Marcel Bigeard, chargé de la gestion du crédit de fonctionnement alloué aux FACA par la coopération, va actionner la mise en service de l’Ecole Militaire des Enfants de Troupe « EMET » qu’il baptisa en son nom. Cette prestigieuse Ecole du Camp Kasaï, avait été placée sous la direction du Lieutenant Yangongo, et répondait à la noble mission d’accueillir les « pupilles de la nation », ces enfants orphelins de soldats morts au champ d’honneur, en mission commandée, ensuite la progéniture des militaires vivant dans la situation de famille monoparentale, afin de leur faire bénéficier des avantages du service social des armées, d’une éducation adaptée, avec un régime obligatoire d’internat pour tous les pensionnaires.
Cette institution (in memoriam) a connu l’une de ses heures de gloire par l’ouverture du Grand défilé militaire du 14 juillet 1975 sur les Champs Elysées, en répondant à l’invitation officielle du Président français Valéry-Giscard d’Estaing. Malheureusement les soubresauts militaro-politiques des années 1990 vont avoir raison de ce creuset de formation, de préparation des jeunes adolescents de notre armée à la vie active.
Nous retiendrons cette bonne programmation sportive, notamment dans les disciplines de sports collectifs, basketball, volleyball, football, sans oublié la pratique des arts martiaux. Plusieurs athlètes multisports, ont émergé et brillé lors des compétitions scolaires de la fin des années 70 et la décennie 80, tels, Magna Cyriaque, Yamendé Gatien, Kossangba Guy, Ngaïfé Ludovic, Mbombo Ferdinand, Ferreira Saladin, Orengué Ernest, Mbaïkoua Jean-Baptiste, Goumba Rufin, Ngakoumandji Jean-Louis, Doumba Jean Paul, Dambourou Rivière, Goumokoyen Bienvenu, Wen Bem, Nadjibé Nativité, Koy Kouassi Roger, Dollet Waya et tant bien d’autres…
Cependant, de leur participation au tournoi de mini-basket, les « EMET » laisseront dans la mémoire de leurs camarades de compétition, la triste réputation de mauvais perdant, car à chacune de leur défaite, ils s’autorisaient la dérive d’engager le combat pugilistique, transformant le terrain de basket en une arène de bastonnades des adversaires avec les boucles de leur ceinturon militaire.
Telle fût la bagarre, suite à la finale perdue contre les jeunes du Club Tondema, lors des festivités de la Coupe nationale du 1er décembre 1982 au Centre national de basketball Martin Ngoko. Tondema était une équipe redoutable de jeunes talentueux (Ludovic Devaux, Séraphin Bolibo, Alain Kouda, regretté Blaise Assana, Aubin Goporo, Guy Bissa, Guy Ngaï Koméssé, le regretté Alain Kossi-Mazouka, Rufin Mbédo, Regis Bolibo, Patrick Ferreira et Prosper Narbé) entraînée par Georges Goundouwa, assisté de Francis Gadenga.
La finale s’est jouée dans une salle comble, l’équipe des EMET était accompagnée de leurs camarades de l’internat militaire qui ont pris place dans les gradins sur instruction de leur hiérarchie. Rappelons que la veille du match, les joueurs EMET avaient reçu la visite du Capitaine James Gambor qui s’est rendu dans leur caserne pour les motiver. Nous vivions à l’époque sous un régime de commandement militaire au sommet de l’Etat.
La rencontre avait bien démarré, Tondema a conservé son avantage au score durant tout le match, mais voyant le temps de jeu s’égrené au chronomètre, le coach militaire Yokoyoko tenta une intimidation sur l’arbitre, par une véhémente contestation de sa décision, suite à un coup de sifflet qu’il jugea désavantageux pour ses poulains. Pris d’une soudaine colère, l’Adjudant Yokoyoko s’est alors retourné vers les éléments EMET dans les gradins, supporters d’un jour, habillés en tenue militaire léopard et, leur ordonna frénétiquement « Tapez-les » accompagné d’un grand geste de bras et mains levés.
En bon exécutant, les supporters militaires se mirent à l’œuvre, alors débandade, les joueurs de Tondema ont escaladé la clôture d’enceinte de l’aire de jeu, des grilles de 1,80m pour se mettre à l’abri de la furie momentanée des supporters militaires qui n’acceptaient pas leur défaite, sous les yeux médusés des officiels et du Président de la fédération centrafricaine de basketball Guy Darlan. Celui-ci dans un sursaut de dirigeant sportif responsable, alerta les forces de défense et de sécurité présentes dans la salle à remettre de l’ordre.
Après l’accalmie, la coupe a été remise aux jeunes du Club Tondema mini basket par le Président de la Fédération Centrafricaine de basketball. Il s’en suivra l’interdiction de l’équipe de basketball EMET de participer à toutes les compétitions organisées par ladite fédération.
Toutefois, même si cette rencontre en finale de Coupe ne s’est pas terminée de la façon la plus fairplay, dans un meilleur esprit sportif, aujourd’hui ces jeunes athlètes des années 80, ont évolué, chacun en son domaine et vivent un destin des plus épanouis, et se souviennent encore au détour d’une conversation nostalgique sur la pratique du sport de ce moment d’égarement…
Nous saluons ici,les Généraux Dollet Waya, Ngaïfé Ludovic, le Médecin militaire Ferdinand Mbombo, le Chirurgien Doumba Jean Paul, l’Ingénieur Bolibo Séraphin statisticien à Pittsburg (USA), Bolibo Régis Ingénieur à Lille (France), Goporo Aubin entraîneur de basketball à l’Université de Tennessee (USA), Guy Ngaï Koméssé Inspecteur Principal des Impôts, Kouda Alain Médecin Chercheur Maryland (USA), Ferreira Patrick Pasteur Evangéliste, Narbé Prosper Haut Cadre au département du Commerce et bien d’autres…. diplômés de cette génération dans diverses spécialités, des généraux, colonels et hauts cadres qui occupent aujourd’hui des postes à responsabilité.
Merci à tous, plus particulièrement aux anciens enfants de troupe (AET), Médecin Colonel Arcadius BANZA et le Lieutenant Jean-Louis NGAKOUMANDJI pour leur précieux témoignage.