Par éditorial bamaraebook.com
Jean Pierre KOTTA est le joueur de la génération intermédiaire, celle qui s’est enfilée les baskets, mouiller les maillots, avec les champions d’Afrique 74 en coupe des nations et, des clubs champions de 71 et 73. Son engagement est récompensé, au championnat d’Afrique des nations de basketball en 1987 à Tunis. Capitaine d’une équipe remarquablement dynamique, passant d’un matche à l’autre de victoire en victoire, GOMEZ dévoile à Bamaraebook, son parcours bien agencé, pour ne pas décrocher. Souvenirs d’une carrière de joueur de « Classe exceptionnelle ».
Bamaraebook 1 : Bonjour Capi, d’entrée dites-nous pourquoi vos fans, vos coéquipiers vous appellent affectueusement « GOMEZ » ?
Jean Pierre KOTTA- Bonjour Bamaraebook, comme vous le savez, il est de tradition au Hit-Trésor, dès votre intégration, vous devez avoir un surnom. Au lycée, au cours d’une étude de texte en espagnol, j’ai choisi le pseudonyme de Gomez, qui allait bien avec mon patronyme. Mes coéquipiers du club Hit-Trésor l’ont adopté. Et, depuis je le porte, il faut le dire avec bonheur.
Beb2 : Vos proches racontent que vous aviez été repéré au volley – Ball, à cause de votre détente prodigieuse, à produire un saut très athlétique à l’abordage du filet pour contrer ou marquer, par les recruteurs du club de basket Hit Trésor, est- ce vrai ? Ou c’est Boston lui-même qui vous a découvert ?
JPK- J’ai effectivement commencé à jouer au volleyball et m’entraînais tous les après-midi au stade municipal. Mon recrutement dans le club Hit Trésor de basket était un concours de circonstance. En effet, alors que je m’entraînais au volley, le Hit-Trésor préparait une sortie, je crois que c’était en 1973, la phase finale de la coupe des clubs champions qui devait avoir lieu au Caire.
Je suivais leur préparation. Et un après-midi, sur demande de Boston, j’ai dû compléter l’une des deux équipes constituées. Constatant que j’avais des qualités notamment athlétiques et, que je me comportais plutôt bien sur le terrain, il m’a intégré. Ce jour, je me souviens qu’il y avait l’entraineur MBALLA Henri « Chandra » ; quelques dirigeants tels, WAZOUA Dieudonné « Crispino », ABOSSOLO Joseph « JO », PINGAMA Joseph etc… Monsieur François PEHOUA m’a ensuite demandé de travailler avec Raymond KONZENGUE alias DOUZE de Bouar (12 étant son numéro de maillot et il venait de Bouar).
Hit Trésor a poursuivi sa préparation jusqu’à son départ pour le Caire, et moi, de poursuivre mes séances au volleyball.
Beb 3 : Vos premiers entrainements au basket, se sont-ils opérés directement en catégorie senior, ou au niveau junior surclassé ? Nombre de vos anciens coéquipiers ne se souviennent pas de vous avoir connu dans les championnats intermédiaires.
JPK- Mes premières véritables séances d’entraînement de basket ont eu lieu au stade Boganda, sous la direction de l’américain Christopher APPLE, qui formait les jeunes enfants. Ensuite, je suis inscrit parmi les cadets de Hit Trésor, mais il faut dire que je m’intéressais beaucoup plus au volley et, ne prenais par conséquent pas part aux compétitions des jeunes organisées par la fédération de basket. Donc, je n’étais pas très visible dans le milieu des catégories de jeunes.
Beb 4 : Mais dites-nous, si cela a été le cas à l’international, dans les tournois à l’étranger avec notre équipe nationale Junior ?
JPK- Effectivement, comme je viens de le dire, je n’ai pas eu à évoluer dans la catégorie du mini basket. J’ai débuté dans la catégorie des cadets directement, et compte tenu de mes prestations, j’ai été surclassé junior. Dans cette catégorie, j’ai passé une année pleine, en prenant part aux compétitions des jeunes que la Fédération organisait et, qui se déroulaient au stade Barthélémy BOGANDA, ou sur les autres terrains (Koudoukou, Lycée des Martyrs…)
Etant par la suite directement surclassé senior, j’ai pris de plus en plus part aux séances d’entraînement des seniors. J’ai disputé mon premier match international avec le Hit Trésor à Bangui, contre une équipe du Cameroun dans le cadre des éliminatoires de la coupe des clubs champions. C’est en cette période que le titre de « jeune joueur révélation de l’année » m’a été décerné. Je n’ai, par contre, pas fait partie d’une sélection cadette ou junior.
Beb 5 : Vous avez fait partie de la génération intermédiaire, celle qui a pu jouer, disputer des matches internationaux avec celle des champions d’Afrique en club et en équipe nationale de 74. Dites-nous, comment s’était déroulé votre accueil dans le « giron », la « tanière »de ces ainés ? Et quels étaient vos rituels d’avant matche dans l’équipe Hit Trésor et en équipe nationale ?
JPK- Exactement, je suis de la génération intermédiaire et, je puis dire avec grande satisfaction, que j’ai été très vite intégré et de bonne manière. Moi-même, j’ai facilité cette intégration en acceptant les consignes du groupe. Il faut le reconnaitre c’est une équipe qui à ses us et ses coutumes qu’il ne faut pas transgresser et, cela depuis le coach jusqu’aux joueurs sans exception. Ma présence au sein de ce groupe n’a gêné personne, bien au contraire elle était très appréciée, car mes qualités et ma simplicité m’ont permis d’être sollicité à tout moment. Et il faut le reconnaitre, j’ai été le jeune à qui on exigeait beaucoup d’effort. Ayant réussi à conquérir l’estime de ces champions, le reste n’était que simplicité, respect, amitié, bonheur, et ce jusqu’aujourd’hui. Les rituels au sein du Trésor, je n’en vois pas. Nous avions l’habitude de nous regrouper (joueurs et staff techniques) dans un endroit indiqué, partagions ensemble le déjeuner, menions ensuite la discussion technique d’avant-match avec le staff technique et distribuions les rôles sur le terrain.
Beb 6 : En égrenant vos souvenirs, le premier trophée gagné en international en équipe, a-t-il été en club ou en sélection nationale ?
JPK- Le premier trophée de ma carrière, je l’ai eu en prenant part aux jeux d’Afrique Centrale qui s’était tenus à Libreville au Gabon. C’était en 1976 ; l’équipe Nationale Centrafricaine était au – dessus de toutes les autres équipes et nous étions sortis avec le titre. L’équipe était encadrée par le Coach BENGUE Jean, composée de :
SANGA Barnabé capitaine, BIMALE Marcel, NGOKO Martin, SEREFIO Jacques
MALIMAKA Jacques etc…. c’était pratiquement l’équipe
championne d’Afrique de 1974, avec l’intégration des jeunes joueurs.
Beb 7 :D’aucuns disent que vous auriez votre portait en grand format, affiché dans un grand gymnase à Athènes (Grèce), souvenir de vos prestations mémorables dans cette arène de basket, est-ce vrai ?
JPK- Rectificatif, mon effigie ne se trouve pas dans un gymnase mais dans le réfectoire de l’Académie olympique d’olympe (Grèce). Cela s’explique plutôt, par mes multiples participations aux sessions de formation des sportifs de haut niveau, qui ont pris part aux jeux olympiques, qu’à mes prestations prétendues mémorables. Je suis consultant et académicien, membre de l’Association des Comités Nationaux Olympique Africain (ACNOA). C’est donc à ce titre que mon effigie a été placardée dans le réfectoire. Mais, il faut le dire, qu’il n’y a pas que la mienne à cet endroit, celles d’autres consultants y figurent aussi.
Beb 8 : Votre parcours élogieux en club dans les championnats d’Afrique, Hit-Trésor, Asopt, équipe nationale, fait dire à Bamara ebook, que vous êtes le basketteur, le félin aux couleurs arc-en-ciel, le reconnaissiez-vous aussi?
JPK- En réalité, je ne me découvrais qu’à travers les images diffusées par les médias. Il m’arrivait souvent de réaliser des gestes techniques, disons hors norme, afin de mettre en déroute l’adversaire. Ces postures étaient souvent impressionnantes sur le moment. J’avais un temps de réaction très rapide face à des phases de jeu et, m’adaptais assez facilement aux différents systèmes de jeu des équipes qui me sollicitait.
Beb 9 : Certes c’est lointain, mais pourriez-vous nous parler de la préparation de la coupe d’Afrique des Nations de 1987, puis des temps forts du tournoi ainsi que des souvenirs de vos coéquipiers.
JPK– Mince ! Cela fait déjà une trentaine d’années que nous avions remporté pour la seconde fois la coupe des Nations et, avions ramené « Yassitoungou » au prix de beaucoup de sacrifices. La préparation s’est faite en deux temps. D’abord localement, avant qu’on ne parte pour la France, afin de parachever la préparation, qui était vraiment laborieuse. Elle se déroulait en hiver. Nous étions à Bangui en saison sèche, il faisait chaud. Nous avions quitté la canicule pour nous retrouver en France, où il faisait un froid de canard, sans aucune protection vestimentaire adéquate…à vous d’imaginer la suite ! Il y a donc eu moult dégâts au sein du groupe.
Je considère qu’il y a eu trois temps forts au cours de ce tournoi. D’abord l’incertitude qui planait sur la participation de Anicet LAVODRAMA à cette phase finale, qui était primordiale pour nous tous, car nous étions pratiquement à la fin de notre carrière. Ensuite la demi-finale contre le Mali qu’on a gagné de justesse et, enfin un début de matche catastrophique en finale.
Tous ces souvenirs ont hanté ma carrière, pour la simple raison qu’il fallait embellir le tableau de l’équipe Centrafricaine de cette année. L’équipe de cette époque était trop forte. Nous formions un groupe très solidaire et on échangeait beaucoup sur nos perspectives.
Beb 10 : La médaille d’or ceint au cou, le trophée « YASSINTOUNGOU » bien ajusté sur la poitrine, le public du stade de Tunis, ensuite le peuple centrafricain à la télévision, vous découvre en larmes, immobile, reprenant avec peine les paroles de l’hymne national « la Renaissance », vous pensiez à quoi, exactement en ce moment de Gloire ?
JPK- Je pensais que c’était le couronnement de toute une vie de sportif de haut niveau. Avec ce titre une expérience nouvelle débute, donc une nouvelle personnalité est née.
Beb 11 : Votre accueil à l’aéroport de Bangui Mpoko, la décoration par le Président de l’époque, le défilé sur l’Avenue des Martyrs…..que vous inspirent encore tous ces souvenirs ?
JPK– Cela ressemble à une photo souvenir placardée sur le mur d’un salon VIP que tout visiteur en y entrant ne peut qu’admirer. Souvent c’est le compatriote anonyme qui nous ramène à ces souvenirs inoubliables, lorsque nous nous croisons au hasard de nos virées dans la ville. Donc, les souvenirs dont vous parlez sont toujours vivaces dans la mémoire du public centrafricain, à plus forte raison dans celle des acteurs.
Beb 12 : Eté 1988 vous représentez avec vos coéquipiers, le continent africain aux « jeux olympiques de Séoul » quelle fierté ! Surtout avec un classement honorable à la fin du tournoi de basket ball……Saviez –vous, que votre équipe était l’une des dernières à avoir défié la grande URSS, avant sa dissolution ?
JPK– Nous étions effectivement très fiers. Mais je dois dire, pour une fois, nous centrafricains avions hissé très haut le flambeau national. Alors, la RCA devait être fière. Ce, d’autant plus que nous avions engrangé notre première victoire en battant le pays organisateur. Nous avions ensuite, tenu la dragée haute à l’URSS. Notre prestation était si brillante que les connaisseurs du basketball nous ont jeté des fleurs ; l’URSS avait tous ses grands joueurs du moment et, nous sans complexe avions résisté sans coup férir à ce mastodonte du basket.
Beb 13 : Apres la gloire, nous voudrions bien évoquer avec vous, vos moments de déception, tel le championnat d’Afrique de Club perdu en 1979 à Bangui, au profit de l’ASFA du Sénégal…quelles sont vos grandes déceptions sportives comme joueur ?
JPK- Je venais d’intégrer l’équipe première du Hit Trésor avec tous les ténors, la préparation était ardue, mais l’équipe il faut le reconnaitre, était dans sa courbe descendante. Les années d’avant était vraiment harassantes, donc les joueurs à un moment donné n’avaient plus de ressources et cette fois ci, la coupe nous est filée entre les mains. La seconde, c’est à Abidjan en 85, moment où j’ai failli raccrocher mes baskets. L’équipe était au top de sa forme, mais il a fallu qu’on perde notre premier match face à l’Angola pour que nous ne fassions pas le podium, alors que nous avions défait toutes les équipes faisant partie de notre poule. Mais la déception était là, nous étions classé 6° avec une seule défaite. Imaginez la tête de toute la délégation.
Beb 14 : Le Hit Trésor et vous, c’est une histoire d’amour qui continue, ou qui est maintenant derrière vous ?
JPK- Le Hit Trésor est une famille où on retrouve toutes les sensibilités sans exclusive. J’ai construit ma vie à partir de ce moule forgé par les dirigeants du Hit, donc les rapports demeurent et la génération intermédiaire que nous représentions doit perpétuer l’œuvre établie. Donc je reste et demeure Hit Trésor quoi qu’il arrive.
Beb 15 : Nous savons que vous aviez la bénédiction d’avoir de la progéniture ; est ce que vos enfants ont-ils eu une carrière sportive comme la vôtre ?
JPK- Effectivement, j’ai eu le bonheur d’avoir des enfants charmants (garçons et filles). Ces enfants sont des très grands sportifs, chacun dans la discipline qu’il pratique. Je puis affirmer que tous ont donné satisfaction là où ils sont sollicités. Mon cursus sportif est à ma juste valeur. Si l’encadrement pouvait progresser, je puis espérer que deux ou trois d’entre eux pourraient faire mieux que moi. Ils m’en ont fait le serment, et je les encourage à atteindre leurs objectifs.
Beb 16 : En tant qu’ancien cadre de la FCBB, quel a été votre meilleur souvenir ? Citez nous des joueurs qui ont fait votre fierté, lors de votre période de technicien auprès de la FCBB.
JPK- Le meilleur souvenir en tant que cadre de FCBB a été, lorsque ayant raccroché après les J.O, j’ai été désigné pour encadrer l’équipe centrafricaine aux jeux Africains au Caire. Expérience difficile, car j’encadrai mes coéquipiers détenteurs de la CAN, mais au finish nous étions second du tournoi avec la médaille d’argent.
S’agissant des joueurs qui ont fait ma fierté je peux citer :
- Richard BELLA
- Guy MBONGO
- Patrick GONGBA
- Christian MALIBANGAR
- Maixent LAVODRAMA
La liste est longue, mais je remercierai aussi, ceux que j’aurai omis.
Beb 17 : Quelle analyse faites-vous du basket Centrafricain, son palmarès, son état actuel et son avenir.
JPK- Elle est amère, le basket centrafricain n’existe que de nom aujourd’hui et les critiques fusent de partout sur la situation actuelle de notre basket ; techniquement et administrativement parlant, il n’existe pas de compétences ni d’expertises en la matière. Il est temps de refondre tout, afin de repartir sur des bases nouvelles. Une nouvelle ère basée sur les jeunes catégories. Nous constatons une frénésie lorsqu’il s’agit des sorties et, les résultats sont ceux que nous vivons, c’est-à-dire minables et, pas à la hauteur de notre basket.
Aux dirigeants de tenir comme promis leur programme d’activité, afin de redorer le blason du basket centrafricain. Je demanderai plus aux adeptes (athlètes, cadres techniques et administratifs, aux amoureux du basket) d’être vigilants et de refuser d’être soudoyer. Que les textes soient respectés et, qu’on ne les foule pas aux pieds ou qu’on ne les applique qu’en partie et suivant la direction du vent.
Beb 18 : Quels sont les dirigeants de basket centrafricain, qui vous ont le plus marqués en bien durant votre carrière de sportif…
JPK- Ils sont nombreux mais suivant l’importance des actes posés à ma modeste personne, je commencerai d’abord par François PEHOUA pour son flair, pour m’avoir très tôt intégré dans l’équipe première du Hit Trésor ; ensuite Guy DARLAN qui m’a ouvert le chemin de l’emploi en me trouvant un poste à la CASTAB et, enfin Maitre ZARAMBAUD ASSINGAMBI, pour le succès de Tunis 1987. Cela ne voudrait pas dire, qu’il n’y a pas que ceux-là qui ont fait mieux, que d’autres dirigeants qui se sont investi pour moi.
Beb 19 : Si vous deviez remercier une personne pour votre parcours dans le sport qui serait ce et pourquoi ?
JPK- Je remercierai mon père qui m’a soutenu matériellement dans mes débuts et, Timoléon SAKANGA qui venait chaque matin très tôt nous entrainer au stade BOGANDA, GOUMBA Jean Paul et moi.
Beb 20 : Pouvez-vous, partager avec nous une anecdote de vos aventures avec l’équipe nationale ? Enfin, le basket vous manque-t-il ?
JPK– J’en ai quelques-unes
- Lors de ma première sélection, on avait organisé un matche test. Les maillots étaient alignés et chacun venait prendre un numéro. A chaque fois que je prenais un maillot, les autres me disaient que ce maillot appartient à tel joueur… finalement, j’ai attendu que tout le monde se serve pour qu’au finish je prenne un maillot.
- Nous
étions en plein hiver et la préparation était rude. Le coach nous réveille un
matin et nous demande de nous mettre en tenue pour un footing. La chaussée
était verglacée et il neigeait. En plein footing, les sapeurs pompiers nous ont
arrêté et nous ont demandé ce que nous faisions là. Sans ménagement, ils nous
ont intim
él’ordre de renter et de nous mettre au chaud, car le moment était mal choisi.
- Nous étions logés à l’Ecole Normale Supérieure pour une préparation et la cuisine était faite sur place. A la fin de la séance, le diner était servi. Le menu du soir était « biche à l’épinard ». Le diner s’est transformé en un cauchemar et une grande déception. Les plats servis étaient pleins d’asticots. Tout le monde était rentré à la maison pour chercher de quoi se mettre sous la dent.
Beb 21 : Singuila mingui Capi !
Hello.
JPK, he always lies.
“joke”