Hommage à notre regretté Youssouf ADAM

Excellence Monsieur le Ministre de la Jeunesse et des Sports ;

Monsieur le Président de la Fédération Centrafricaine de Basket-Ball;

Parents, amis et connaissances ;

Chers athlètes;

Bamaraebook.com

C’est le cœur meurtri par l’émotion que je prends de nouveau la parole dans cette arène du basket au nom de l’Association des Anciens Internationaux de Basket-Ball pour m’incliner sur la dépouille de notre frère et coéquipier ADAM Youssouf.

Oui, ADAM était des nôtres ! Il était notre ami, notre coéquipier, notre frère. Il faisait partie de cette grande famille de basket qui s’est façonnée ; qui a consolidé cette passion tout au long de nos différentes compétitions sportives aussi bien au niveau national qu’international et qui tente aujourd’hui encore de renforcer cette communauté après la vie sportive active.

Venu au basket un peu plus tard que la plupart d’entre nous, ADAM, grâce à ses qualités athlétiques et moraux, a gravi rapidement les étapes et s’est hissé au niveau des meilleurs.

Haut de ses 2 m, il était une véritable tour de contrôle et la colonne vertébrale de Red Star NDongo Club et de l’équipe nationale. Pivot, il a ébloui le public lors de ses apparitions par sa combattivité et sa disponibilité. Il a ainsi gagné l’estime de ses coéquipiers et le respect des adversaires.

ADAM, tu faisais partie des filles et fils de ce pays qui ont souffert, transpiré et consenti de nombreux sacrifices pour apporter un peu de joie et de la fierté à nos compatriotes amoureux du basket ; c’est-à-dire à nos populations.

En effet, tu étais de ceux ou celles qui ont porté haut le flambeau du basket centrafricain en représentant notre pays dans les différentes compétitions internationales aussi bien avec le Red Star NDongo club qu’avec l’équipe nationale.

« Yongoro ya » comme j’aimais te taquiner, tu m’as marqué à deux reprises et je garderai de toi l’image d’un homme courageux, un homme de rigueur et de principe.

Je me souviens encore, lorsque Red Star N’Dongo club et Hit Trésor Sporting club participaient tous les deux à la phase finale de la Coupe des Clubs champions au Caire en 1973 ; une bagarre a été provoquée par l’équipe championne d’Egypte au cours du match qui l’opposait à Trésor. Toute l’équipe de Red Star, qui était dans les tribunes comme spectateurs, est descendue sur le terrain transformé pour l’occasion en ring, toi en tête, pour et avec les joueurs de trésor défendre … le drapeau centrafricain ; défendre le Centrafrique !

Non seulement, nous avons montré notre patriotisme, notre courage mais aussi et surtout notre unité.

Cette situation inédite, de voir un seul et même pays présenté deux équipes championnes à la même compétition, démontrait, si besoin en était, que nous étions les virtuoses du basket en Afrique ; mais de voir ces jeunes, insouciants de la gravité de la situation, faire face avec audace et bravoure aux joueurs, spectateurs et « forces de l’ordre » égyptiens, relevait de l’amour que ces jeunes avaient pour leur pays.

A cet instant, seul comptait pour nous, le drapeau centrafricain et nous devrions ramener la coupe. C’est ce qui fut fait. Red Star a passé superbement et avec la manière le relais à Trésor. Belle leçon d’amour pour notre pays que nous laissons chacun méditer au moment où notre pays est en perdition morale et sous le risque pressant d’une partition.

Le deuxième souvenir que je garderai de toi, c’est ta droiture et ton honnêteté. Alors que nous préparions le 7ème Championnat d’Afrique des Nations en 1974, nous étions « internés » au petit séminaire de St. Paul. Lorsque la date de la compétition approchait, la tension se faisait plus forte et ceux qui croyaient, priaient et invoquaient tous les dieux pour que nous embrassions « YASSITOUNGOU » et que nous la présentions au Palais de la Renaissance.

Chaque compatriote désirait nous accompagner dans cette ultime bataille. Chaque compatriote nous proposait sa potion magique pour atteindre notre but.  C’était donc dans ce contexte, qu’un soir, on nous proposa un bain avec des plantes « magiques »… Ne croyant manifestement pas à l’effet bénéfique de ce bain, tu as refusé de le prendre. Il fallait du courage mais aussi du caractère…

L’un des traits que nous retiendrons d’ADAM était aussi sa grande humilité. Je n’ai pas souvenir de l’avoir vu ou entendu échanger une méchanceté ou se disputer avec un coéquipier ou même avec un adversaire. Sa voix douce et son sourire, je dirais, permanent, avait la faculté d’apaiser même les plus violents. Il était rigoureux, ferme et juste dans ses jugements.

Lorsque nous avons appris que tu as fait un accident vasculaire cérébral, nous sommes naturellement allés te rendre visite. En apparence, tu ne semblais pas en danger vital. Nous avons cependant alerté presque au plus haut niveau de l’Etat, espérant une prise en charge conséquente ; au moins à la hauteur de tous les services que tu as rendus à ton pays.

Que dire d’autres !

Transmets à James, à Nkrumah, à Bourguiba, à Amin, à ENDJIGBOMA, à GOUDOUWA, à Demi Dieu, à Aimé YESSE, à « Maternelle », à maman Capi,…. nos meilleurs souvenirs et  dis leur que nous ne les oublierons pas car nous sommes à jamais unis par le basket. Qu’ils sachent qu’ils resteront gravés dans notre mémoire éternellement.

Quant à toi, nous implorons Dieu l’Eternel qu’il t’accueille et que sa bénédiction accompagne tes enfants et leur maman.

Adieu «  Yongoro ya » !

Adieu mon frère !

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