Mamadou DEBAT ou l’étincelant des « Blacks Stars » HARLEM de Bangui

Par éditorial Bamara e-Book

« Après avoir bourlingué sur différents stades du sud-ouest de la France, je suis aujourd'hui basé à Toulouse où je travaille pour un grand groupe aéronautique. Ma carrière de basket m'a amené à jouer en Pro B.

2 fois Champions de France universitaire avec la Fac des Sciences Sociales de Toulouse avec Ouambo Djento, Gérard KOH en 1984 et en 1985.

J'ai été également Champions de France de Nationale 3 en 89 avec Agen et de Nat 2 avec Toulouse en 1995. Par la suite, j'ai été sur le banc en tant qu'assistant pendant 2 ans, avant de me retourner vers les jeunes.

Aujourd'hui, je passe énormément du temps sur les routes pour aller voir les enfants qui ont repris le flambeau, ou d'aller au stade voir le stade toulousain (rugby), assister aux rencontres de football au Stadium de Toulouse ». Mamadou DEBAT
Merci de la disponibilité pour nous répondre sur votre carrière sportive, car nous vous savons en retrait de toutes activités officielles dans le milieu du basketball depuis quelques années.

Mbi bara mô mingui Yaya ti a Bamara.

Bamara e-Book : D’entrée, pourquoi avoir une prédilection certaine pour le basketball que pour les autres disciplines sportives ?

Mamadou DEBAT : Jeune j'ai démarré par le foot avant naturellement de me tourner vers le basket. Le stade Bonga-Bonga sis à Cité Christophe était mon terrain de jeu favori.

BeB : Votre grand frère Débat Dolly "Bégeos" et votre sœur ainée Débat Véronique ont évolué dans le club Red Star, pourquoi avoir choisi le club Harlem ?

MD : Sûrement parce que j'avais beaucoup plus d'affinités avec les jeunes de Harlem d'antan. Et pourtant, j'ai été plusieurs fois relancé par Bilal "Bourguiba" qui n'arrêtait pas de me solliciter à rejoindre Red Star, car tous mes aînés y jouaient.

BeB: A quel âge aviez-vous réellement commencé à jouer au basketball et où ?

MD: Vers l'âge de 10-12 ans de manière dilettante, avant de m'y consacrer sérieusement quelques années plus tard. D'abord, dans la vile de Berberati, ensuite à Bangui sur les playgrounds (stade Municipal, Lycée Caron, etc. ...). Entre temps je m'étais mis également au volley-ball.

BeB : Aviez-vous participé à un tournoi international en catégorie junior ? Si oui, en quelle année ? Pourriez-vous, nous citer certains de vos coéquipiers ?

MD: le 1er  championnat d'Afrique Juniors organisé à Port Saïd en 1977 était ma première compétition internationale. Nous avons obtenu la médaille d'argent. Dans cette équipe, il y avait pêle-mêle : Moussa Vékéto, Abou Mbaye, Max Wallot "Bowen", Pambi Antoine, Ouambo Maurice "Djento", Tékpé José, Kamayengué Jean-Baptiste "John", Pounzi Salomon "Magi", Sanda Oumarou, Félicien Ngounio Belbada.

Debout de gauche à droite : Paulin Réckian, Moussa Vékéto, Mamadou Débat, Oumarou Sanda, et Jean-Baptiste Kamayengué.

Accroupis de gauche à droite : Dominique Pounzi, Félicien Ngounio Belbada, Antoine Pambi, Maurice Ouambo, José Tékpé, et Aboubakar Mbaye.

BeB : Les sports scolaire et universitaire étaient très populaire à l’époque, aviez-vous des souvenirs à partager avec nos lecteurs de bamaraebook ?

MD : Cela me rappelle mon année de terminale où j’ai mis le championnat de basket entre parenthèse suite à la pression paternelle, mais je continuais le championnat scolaire. Nous étions arrivés en finale cette année là contre l'université de Bangui. Nous avions dans l'équipe du Lycée Caron, Ouambo "Djento", le défunt Kotta François "Abdul", etc...  

 

BeB: Quels ont été vos grands moments de gloire avec le club HARLEM Black Star ? Ainsi que vos grandes déceptions ou regrets ?

MD: De déceptions pas vraiment, mais des moments exceptionnels sûrement. Comme la toute première fois où nous avions battu le Hit Trésor, avec Max Wallot "Bowen" qui en avait fait voir de toutes les couleurs à Jacques Malimaka "Vata Mombassa". Et surtout l’année 80, où le club marchait sur l'eau en Championnat et coupe de l'indépendance.

Debout de gauche à droite : Morgan Mballa, Didier Gbomon, Julien Lavodrama, Maurice Ouambo "Djento", Paulin Réckian et Timoléon Sakanga

Accroupis de gauche à droite : Nombokinina "Kimos", Christian Gombé, Mamadou-Débat, Emmanuel Magbotiadé et Anthime Ngoumba

Debout de gauche à droite : Marcel Bimalé, Guy Paouili, Didier Gbomon, Maurice Ouambo, Mamadou Débat, Christian Gombé, Paulin Réckian, Timoléon Sakanga.

Accroupis de gauche à droite : Emmanuel Magbotiadé, Antime Ngoumba, Julien Lavodrama, Nombokinina "Kimos", et Morgan Mballa.

BeB : Vous avez joué en équipe nationale, rappelez-nous les différentes étapes de votre évolution parmi l’élite durant cette période ?

MD : Mes premières sélections ont commencé en 1983 avec les éliminatoires du Championnat d'Afrique (Afro Basket aujourd'hui) à Libreville où nous avions remporté le tournoi. Ensuite j'ai fait la campagne d'Alexandrie 83, Abidjan en 85 où nous avions la meilleure équipe. Pour des questions administratives(les bi nationaux n’étaient pas admis à compétir),  je n'étais donc, pas à Tunis en 87. Je ne suis revenu qu’en 91 et en 95 pour les Jeux Africains à Harare pour terminer.

BeB : Vous avez pratiqué avec succès le tennis de table ; comment aviez-vous appris cette discipline ? Aviez-vous remporté des tournois ? Avec qui pratiquiez-vous cette discipline ?

MD : J'ai appris sur le tas par la pratique. D'abord à Berberati chez M. Nguilélo qui disposait d'une table de Ping Pong. Ensuite à Bangui chez les Mageot ou chez Pezana Richard qui avaient également une table. A l'époque il n'y avait de Fédération, mais on se retrouvait les après-midis pour des parties très disputées avec les Kotta Jean-Pierre, Barthélémy Gamba, ...

BeB : Revenons au basketball, où de tous les clubs huppés du passé, le Club HARLEM a connu un triste sort, celui de disparaître de la ligue de basketball de Bangui, quelles en sont les raisons ?

MD : Peut-être que le club n'a pas pu, ou su s'adapter avec l'évolution du basket à ce moment là.

BeB : Nous pensons pour notre part, que la déconvenue du Club HARLEM serait le départ de son ancien dirigeant M. Guy DARLAN appelé à occuper un poste à l’international… Ou alors le manque d’empathie observé chez certains des joueurs-cadres du club, évoluant à l’époque en Europe et en Amérique du Nord, qu’en pensez-vous ?

MD : Si un club se repose que sur une seule personne, le jour où cette personne pour x raisons n'est plus, mais il n'a pas plus de club ! Non sincèrement, à mon avis des dissensions internes ont fait imploser le groupe.

BeB : Envisagez-vous de faire renaître le club HARLEM ? Qu’en pensent les anciens joueurs du club, aujourd’hui à la retraite sportive, mais influents dans la vie active de par le monde ?

MD : Mais l'envie n'a jamais disparu. Lors de mon récent séjour au pays, un jeune est venu m'en parlé. Mais n'étant pas localement présent, il faut qu'une équipe se mette en place à Bangui. Les "expatriés" ne pourront venir qu'en appui de cette initiative. Julien Lavodrama avait même proposé des logos. C'est mon vœu pieu de le faire renaitre.

BeB : A la fin des années soixante-dix et au début des années quatre-vingt, la Fédération Centrafricaine de Basketball, recevait les équipes ‘’Sports Ambassador’’, une équipe universitaire de Chine… Est-ce que tous ces tournois ont pu impacté votre niveau, ainsi que celui de vos coéquipiers de l’époque ?

MD: Je te réponds que ces différentes confrontations ont permis de hisser notre basket au niveau où il était. Mais ces échanges existaient déjà dans les années 60-70. Cela nous permettait de nous aguerrir au contact de différents-type de basket.

BeB : Quel regard portez-vous sur le basketball centrafricain aujourd’hui ?

MD : Ça sera un regard très critique, car comme tout bon amateur du basket, j'aimerais que notre basket retrouve son lustre d'antan. Pour ce faire, il faut très vite s'attaquer aux différents chantiers qui nous permettront de relancer notre basket, à savoir : comment financer notre basket, mise en place d'un championnat de jeunes (filles et garçons), basket dans les quartiers suburbains et en province, formation des cadres techniques et les opérateurs des tables de marques, ...

BeB : La République Centrafricaine a organisé la coupe d’Afrique des Clubs Champions en 1971 remporté par Red Star « Ndongo Club », la coupe d’Afrique des Nations en 1974 avec la consécration des « Fauves du Bas Oubangui », le Championnat d’Afrique des Clubs Champions en 1976 à l'Omnisport gagné par le Hit Trésor et en 79 perdu par le Club Hit Trésor au Centre Martin Ngoko.  Pensez-vous que nous pourrons espérer organiser une fois encore un tournoi international d’une telle envergure dans les années à venir ?

MD : Pour ce faire, il faut que nous disposions d'infrastructures aux normes. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.  Nous ne disposons que de l'Omnisport. Le centre Martin Ngoko n'est plus aux normes pour des compétions internationales. Cela me parait difficile en l'état.

BeB : Enfin, le basket vous manque-t-il ?

MD : Je suis toujours dans le basket. Les enfants ont repris le flambeau. Je suis donc dans les gymnases. Je m'attelle également depuis plus de 10 ans à un travail de mémoire intitulé "le basket centrafricain, d'hier à aujourd'hui, en images". Ce travail me permet d'être en contact avec des anciens/jeunes afin de collecter des images. J'ai pu partager la première mouture en 2016 dans une salle du stade 20000 places.

BeB: Si vous deviez remercier une personne pour votre parcours dans le sport, qui serait-ce et pourquoi ?

MD: Une personne à remercier, je citerai sans hésiter Guy Darlan. Si François Péhoua "Boston" fut l'un des grands bâtisseurs du basket centrafricain, Guy Darlan a été celui qui l'a relancé.

En effet, il a su redynamiser notre basket :

-Participation aux Universiades de Sofia en 1977

- Participations aux Championnats d'Afrique Juniors en 1977 et en 1980 ;

- Venue d'une équipe chinoise à Bangui ;

- Il a instauré un nouveau format de championnat qui se déroule en 5 tours ;

- Il a instauré la défense individuelle tout terrain dans le championnat ;

- L'arrivée d'un entraineur américain Christopher O'Pond qui nous a amené le management à l'américaine dans le jeu et, aussi dans le contenu des entrainements. Le « cinq majeur » était connu de tous : Bruno (Soum) and Bruno (Kongawoin), Mamadou, Anicet and Fréderic. Ensuite les substituts ...
Notre 2ème  place au Championnat d'Afrique Juniors à Luanda en 1980 a été la rampe de lancement de cette génération, qui renforcée par des anciens tels Kotta Gomez, Sanda Oumarou, François Naouéyama, ont remporté le titre en 87. On aurait pu d'ailleurs gagner ce titre en 85 car l'équipe était déjà talentueuse.
A mon humble avis, l'équipe Championne d'Afrique en 87 était constituée pour une bonne part des joueurs ayant participé au Championnat d'Afrique Juniors de 1980, et a bénéficié de tout le travail mis en place par Guy Darlan "Jason". Je lui en remercie.

C'est d'ailleurs O'Pond qui avait fait partir Akeem Olajuwon aux USA d'abord. Ensuite Frédéric Goporo, Bruno Kongawoin en avril 1981.  Anicet Lavodrama sera le dernier à partir après avoir obtenu son bac en juillet 1981.

Debout de gauche à droite : Jean-Pierre Kotta, François Naouéyama, Maurice Ouambo, Anicet Lavodrama, Fall Kader, Bruno Kongawoin, Christian Gombé.

Accroupis de gauche à droite : Timothé Zianté, Mamadou Débat, Johnny Madozein, Frédéric Goporo, et Oumarou Sanda.

 

BeB : Pouvez-vous partager avec nous une anecdote de vos aventures avec l’équipe nationale ?

MD : Ouf !!! je n'en ai tellement ...
A l'époque, il y'avait un "travailleur" de l'ombre qui nous préparait le "matiti". Aéroport du Caire où nous attendions notre transfert pour Alexandrie lors du championnat d'Afrique en 1983, Fall Kader "Falcao" était en charge de la mystérieuse bouteille. Par inadvertance, la bouteille est brisée et le fameux liquide à jamais perdu.

Et là, j'entends le "Vieux"' dire à Guy Darlan que ça y est "nous avons perdu la coupe" !!!

Avant de finir, je veux tout simplement dire merci à tous, pour ces merveilleux moments passés ensemble, aussi bien sur et en dehors du terrain, surtout une pensée particulière à ceux qui ne sont plus des nôtres.

Singuila mingui Yaya ti a Bamara

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