« CAPI », une légende oubliée Suzanne DETA

Par Editorial Bamara e-Book

L’avènement de l’internet a permis d’offrir la possibilité de parole à l’une des grandes figures du basketball centrafricain, la sportive à la retraite, tant dans la vie administrative qu’au sport, Suzanne DETA. La rencontrer ne fût pas chose facile, car cette valeureuse sportive rechignait à recevoir quiconque, en représailles au manque d’empathie de la F.C.B.B (fédération centrafricaine de basketball), des autorités ministérielles de tutelle, à qui elle reprochait leur omission à honorer les athlètes par des distinctions honorifiques méritées. Tant il aurait fallu user de patience, pour qu’elle consenti à revenir sur sa vie, son parcours sportif, une évidence autant pour sa légende que son charisme débonnaire, que nous tenons à partager avec vous, chers lecteurs.

Née dans une famille où la pratique du sport était la base du développement du corps et de l’esprit, Suzanne DETA a appris toute seule à jouer au basket, en observant les jeunes adolescents et les joueurs confirmés de la discipline à l’âge de douze ans à Bouar. Après les cours, elle se rendait en fin de journée avec ses copines sur le terrain de la « Paillote » pour s'amuser et jouer entre amies.

Nantie du "brevet des collèges", elle quitta Bouar pour fréquenter le lycée Technique féminin à Bangui. Comme à son habitude de s’entraîner toute seule, Suzanne DETA se rendit sur le terrain de basketball du stade Municipal qu’elle fréquenta assidûment, avant de se faire repérer par M. Julius d’ALMEIDA, coach principal des filles du club MUNIRAP.

Ce cadre technique du basketball d’origine togolaise, l’intégra à son équipe de fille MUNIRAP, qu’elle ne quittera plus, en engrangeant des titres de champion au niveau national, en remportant des trophées collectifs tout au long d’une carrière riche en événements sportifs. On retiendra que Suzanne DETA fût l’une des rares basketteuses à prendre des tirs à mi-distance (jump shot), dans un saut en suspension bien synchronisé avec fouetté de poignets. Elle se distinguait par sa course altière dans la conduite du ballon, dribles déroutant, changement de direction avec passement de balle dans le dos, de l’arrière vers l’avant et inversement, en capacité de délivrer des passes décisives élaborées ou « caviar », tout en adoptant un positionnement sur le terrain apte à récupérer des rebonds tant offensifs que défensifs. Véritable artiste de la balle au panier avec son 1, 87m, qui inspire confiance à ses coéquipières et impose le respect à l’adversaire, lors d’engagements en double-pas dans la raquette avec changement de mains pour marquer. Une fois en défense, « Capi » s’érige en tour de contrôle, un bloc compact pour repousser l’assaut adverse.

En équipe nationale, sa carrière internationale est marquée très tôt par sa participation à la Coupe d’Afrique centrale des nations à Brazzaville (Congo) en 1972, où elle est sacrée championne avec ses camarades. Notons aussi, la très bonne prestation de cette génération de basketteuses à la Coupe d’Afrique des nations à Tunis (Tunisie) en 1974. En 1976 à Libreville (Gabon), Suzanne DETA est championne d’Afrique centrale aux côtés des meilleures joueuses du pays, notamment, les sœurs KABERO* Geneviève (Vèvè) et Marie Laure, Eugénie BOBO, Simone BODEMO, KING Marianne, Béatrice GOLIATHA, GOMTE* Lucienne, les sœurs ZONGA Elise et Florence, FEIGANAZOUI* Elisabeth (Jo Eli), Pulchérie SOKAMBI, Benoîte MAMADOU, Pascaline PAZOAKO, Aline BINGAYE et bien d’autres… Dans ce merveilleux parcours en équipe nationale, elle a été encadrée par des entraîneurs de talents, tels que Jean BENGUE*, Mathias ZOCKO, Eloi LIMBIO*.

En égrenant ces souvenirs émouvants, elle perd son sourire juvénile au moment d’évoquer le manque de reconnaissance de la famille du sport en général et du basketball en particulier, qui balaient du revers de la main l’extraordinaire carrière des athlètes. Aujourd’hui, ne trône dans l’une des vitrines du mobilier de son salon, que le Trophée Horizon Contact Sport, sur lequel est gravé DETA Suzanne Meilleure Basketteuse…de tous les temps. Une fierté qu’elle partage avec ses enfants et petits-enfants. Son désir le plus ardent serait de voir les autorités en charge du sport, par un repentir tardif, surmonter définitivement cet oubli outrancier, en accordant la reconnaissance aux anciennes gloires…par une récompense d’honneur, distinctions honorifiques, plaques murales ou bannières avec les noms de grands sportifs dans les enceintes ou salles de sports, un véritable devoir de mémoire. C’est avec amertume, qu’elle constate que nombre de ses camarades ont quitté ici-bas dans l’anonymat, sans marque d’intérêt de notre société, de notre environnement sportif, dans l’indifférence totale de nos gouvernants. Les sportifs qui ont hissé haut l’emblème national ne méritent-il pas autant que les autres fils de la nation honorés, quand ceux-ci «tirent leur révérence » ? Elle s’interroge…

DETA Suzanne plaide pour la reconnaissance, la réhabilitation de la mémoire des vaillants vétérans que notre pays doit honorer. Elle pense qu’il y a des réformes à envisager de la part des dirigeants, autorités administratives et ministérielles en charge du sport.

Son apaisement tient du respect de sa personne, dont fait montre les basketteurs de sa génération, les anciennes coéquipières qui continuent de l’appeler affectueusement « Capi », tout comme certains dirigeants et sympathisants du basketball…

Aujourd’hui à la retraite, éloignée du milieu du basketball, DETA Suzanne consacre son temps à ses petits-fils, à sa foi en la religion chrétienne dans son église « Les Chandeliers ».

Hommage à toi « Capi ».

Les noms marqués d’un astérisque(*) désignent des personnalités qui ne sont plus de ce monde. Paix à leur âme.

3 thoughts on “« CAPI », une légende oubliée Suzanne DETA”

    1. Grand merci pour cette information, nos excuses pour cette erreur, qui sera rectifiée de ce pas. Auriez vous son contact, afin de lui présenter nos excuses de vive voix. Merci d’avance.

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